en cinq dates

pour en arriver à l'écriture d'Atelier 62

1955 (automne) Naissance à Céaucé (Orne), dans une maison humide au bord de la route, quittée six mois plus tard par la famille pour cause d’exode rural. Je grandirai tout près de Paris et y resterai.

1973 (été)  Bac D, après scolarité au lycée Rabelais de Meudon où les amitiés sont solides  et l’enseignement des lettres par Annie H percutant. En attendant d’entrer en fac, inscrite en histoire à Paris 7 Jussieu, je lis Proust sur un chantier de fouilles archéologiques (tumulus néolithique). Le choix de l’histoire, mais je le comprendrai bien plus tard, est dicté par la recherche d’un prétexte pour écrire : sans en passer par là, je n’aurais jamais osé.

1987 (printemps) Publication de L’éducation des filles au temps des Lumières (éd. du Cerf) livre issu de ma thèse de 3e cycle dirigée en heureuse complicité par Daniel Roche. L’ouvrage est bien reçu, mais sur le plan carrière j’ai tout faux : mon refus obstiné de passer l’agrégation me ferme de fait les portes des universités et le CNRS recrute ces années-là sur les doigts d’une seule main ; de plus, la spécialisation en histoire des femmes reste suspecte. J’expérimente à peu près toutes les formes d’intermittences possibles dans le milieu de la recherche historique, au besoin complétées par des travaux d’ordre plus alimentaire (mais toujours d’écriture).

1995 (printemps) Je songe à m’établir épicière à la campagne parce que je ne supporte pas l’idée de n’avoir toujours pas de poste alors que François Mitterrand termine son deuxième septennat, quand le CNRS me recrute enfin comme Ingénieure de recherche, 2e classe. L’Institut d’histoire moderne et contemporaine m’accueille et me confie la responsabilité de la Bibliographie annuelle de l’histoire de France. Il était temps que je me stabilise : intercalés entre mes années de vaines candidatures L. et L. sont venus au monde, heureuses suites de ma rencontre avec C.. Je reste bibliographe pendant  huit ans, avant de rejoindre, par mise à disposition, une Mission Recherche ministérielle interdisciplinaire en sciences humaines, où je plonge dans l’histoire sociale la plus contemporaine. J’y reste jusqu’en décembre 2007, puis réintègre l’IHMC.

2005-2006 (hiver, printemps, été, automne, hiver) Ecriture d'Atelier 62, déclenchement spontané quelques jours après avoir été particulièrement remuée par l’exposition, au théâtre 71 de Malakoff, des photos faites par Antoine Stéphani en 2003 dans l’usine Renault de Billancourt désertée et prête à démolition (publiées accompagnées d’un texte de François Bon dans le livre Billancourt, éd. Cercle d’art, 2004). Ecriture d'une impérieuse évidence alors que je n’avais jamais conçu un tel projet, ni ne m’étais même sentie vraiment concernée  par cette histoire. Le livre naît de la prise de conscience de la dévastation des lieux de cette histoire ouvrière. Dans les photos des vestiaires métalliques abandonnés, écaillés, rouillés, portes tordues, je perçois les dépouilles des hommes qui les ont habités, et parmi eux mon père.


nb : les pages Bibliographie, CV et Petite vie sont complémentaires

revenir à l’accueil du site

pousser la porte du Montparnasse monde

aller faire un tour chez L’employée aux écritures

dans l’atelier 62

chez l’historienne

ou bien encore aller voir Sur les bords